lundi 9 mars 2015

François-René de Chateaubriand, surnommé "l'Enchanteur de la Vallée-aux-Loups", fut un homme politique, ministre, diplomate, poète et romancier français, officier de la Légion d'honneur, et élu en 1811 au fauteuil n°19 de l'Académie française.

Il naît le 4 septembre 1768 à Saint-Malo, et passe son enfance au château de Combourg avec son frère aîné et ses soeurs. Il étudie à Dol, Rennes et Dinan avant d'entrer au régiment de Navarre, où il fut officier, en 1786. L'année suivante, il est présenté à la Cour de Versailles.

Il voyagea en Amérique de 1791 à 1792, et découvrit là-bas une République qui influença ses idées politiques et encouragera ses opinions révolutionnaires. De retour à Saint-Malo, il épouse en 1792 Céleste Buisson de La Vigne, qu'il ne tarde pas à abandonner pour rejoindre l'armée des Princes. Il est blessé au siège de Thionville.

De 1793 à 1800, il vécut en Angleterre. Son premier ouvrage, Essai sur les révolutions anciennes et modernes fut publié à Londres en 1797, et il ne tarda pas à commencer la rédaction de Génie du Christianisme qui sera publié en 1802. Toutefois, son premier succès littéraire vient avec Atala en 1801.

Il revient en France et débute sa carrière politique en tant que secrétaire de légation à Rome, poste qu'il exercera de 1803 à 1804, avant d'être nommé dans le Valais. Toutefois, suite à l'exécution du duc d'Enghien en mars 1804, il donne sa démission.

Nous sommes en 1806 lorsque Chateaubriand entreprend un voyage en Orient, jusqu'en Terre Sainte. Il aura rédigé, pendant ce temps, Les Martyrs et Itinéraire de Paris à Jérusalem (publié en 1811). A son retour, il publie dans le Mercure de France de juillet 1807 un article attaquant l'Empereur. Il doit alors quitter à Paris, et achète la Vallée-aux-Loups. Sa carrière politique est brièvement relancée lorsqu'en 1814 il publie deux brochures politiques. Il suit Louis XVIII à Gand puis est nommé ministre de l'Intérieur et pair de France en 1815. Toutefois en 1816, il publie La Monarchie selon la Charte qui condamne la dissolution de la Chambre. Il est destitué et contraint de vendre la Vallée-aux-Loups. De 1818 à 1820, il collabore au journal Le Conservateur qu'il a cofondé.

En 1821, il est ambassadeur à Berlin ; en 1822, à Londres. De 1823 à 1824, il est ministre des Affaires étrangères. En 1826, Ladvocat édite les 31 volumes de ses Œuvres Complètes. Il retourne à Rome de 1828 à 1829, en tant qu'ambassadeur. Toutefois il doit se retirer de la vie politique suite à la chute de Charles X et son refus de se rallier au nouveau régime.

A l'Académie française il rédigea avec Lacretelle et Villemain la supplique au roi contre la loi Peyronnet sur la presse.  Il vota pour Lamartine et Hugo, contre Alfred de Vigny, fut le premier romantique.

Il donne la première lecture publique des Mémoires d'Outre-tombe chez Juliette Récamier en 1834, mais l'ouvrage ne sera publié qu'après sa mort, le 4 juillet 1848 à Paris. Il faudra atteindre 1849-1850 pour qu'il soit disponible en librairie.

Bibliographie
René
Les Natchez
Les Aventures du dernier Abencérages

Les figures de style

Pour certains, "figures de style" évoque de douloureux souvenirs de classes de français, où l'on tâchait de saisir les subtilités d'une phrase qui nous semblait pourtant toute bêtes. Pour d'autres, c'est un florilèges d'outils indispensables.

Figures à base de répétition

La figure dérivative : dans une même phrase, on place deux mots ayant la même racine.
« Ton bras est invaincu, mais non pas invincible. » (Le Cid, Corneille).

Isocolie (Stylistique) : répétition d'une cadence sur plusieurs segments de phrase.
« Quitté de mes compagnes, je me reposai au bord d'un massif d'arbres : son obscurité, glacée de lumière, formait la pénombre où j'étais assis. » (Mémoires d'Outre-tombe, Chateaubriand).

[Point Ortho' n°2] Moi qui lit ou moi qui lis ?

La tournure de la phrase est courante : ce n'est pas moi qui... ; ce sont eux qui...

"Qui" est ici un pronom relatif, et en tant que pronom il reprend un mot qui a déjà été cité (en tout cas dans le cas qui nous intéresse). Ainsi pour accorder le verbe qui suit, il faut se demander quel mot est repris.

C'est lui qui a pris du pain : "qui" reprend "lui". On accorde donc à la troisième personne le verbe "prendre".

C'est moi qui ai pris du pain : "qui" reprend "moi", un pronom de la première personnel du singulier. Ce n'est donc pas "moi qui a pris" mais "moi qui ai pris" du pain !

Autres exemples : Nous sommes ceux qui vous ont téléphoné ; Toi qui sais, dis-le moi ; ce n'est pas moi qui conduirai ce soir...

Duos et couples

Si l'on connaît Roméo et Juliette, Astérix et Obélix, Rodrigue et Chimène, Batman et Robin... certains couples et duos sont bien moins souvent évoqués. Petit retour sur ces paires qui méritent bien d'être mentionnés.

Blake et Mortimer : série de bande dessinée du dessinateur belge Edgar P. Jacob, reprise après sa mort par pas moins dix autres auteurs. Les héros principaux sont Sir Francis Blake, militaire de carrière mis à la disposition du MI5, et le professeur en physique nucléaire Philip Mortimer. Leur ennemi récurrent est le colonel Olrik. L'histoire mêle réalisme et science-fiction, aventure et espionnage.

Tristan et Yseult : il s'agit à l'origine d'une vieille légende celtique du XIIe siècle, mais c'est la version de Joseph Bédier, au XIXe siècle, que nous connaissons le mieux. Tristan de Loonois est le neveu de Marc, roi de Cornouailles, lequel est marié à Yseult la blonde. Tristan, pour servir son roi dont il est le chevalier, va chercher Yseult en Irlande et même braver un monstre, car il a fait voeu de la ramener en tant qu'épouse du souverain. Malheureusement, sur le bateau qui les ramène en Cornouailles, ils boivent par mégarde un philtre d'amour, ce qui les condamne à de nombreuses épreuves car leurs sentiments défient la loi, le roi, et l'église.

Paul et Virginie : héros éponymes d'un roman de Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virginie sont deux enfants élevés ensembles sur l'île Maurice, quoique issus de familles différentes. Voyant Paul tomber amoureux de sa fille, la mère de Virginie envoie celle-ci étudier en France pour l'éloigner. Après des années, Virginie retourne sur l'île pour rejoindre Paul, mais son bateau s'échoue et elle meurt noyée sous les yeux de Paul qui en succombe de chagrin.

Rodrigue et Chimène : le couple apparaît dans Le Cid, de Corneille, une pièce du XVIIe siècle. Rodrigue, le fils de Don Diègue, aime Chimène, fille de Don Gomès ; une querelle fait des deux pères des ennemis, empêchant l'amour de leurs enfants de s'épanouir. Pire, même : Don Diègue charge Rodrigue de le venger d'un affront que lui a fait Don Gomès. Rodrigue doit alors choisir entre l'honneur de sa famille et ses sentiments pour Chimène... Mais nous sommes sur un blog de culture général, le but n'est pas de vous mettre l'eau à la bouche, aussi vais-je vous dévoiler la fin : Rodrigue choisit d'obéir à son père.

Héloïse et Abélard : ce couple a réellement vécu, en France et sous le règne de Louis VI. Abélard est le fils du seigneur du Pallet, sa passion des lettres le fait renoncer au métier des armes que lui destinait son père. Il se rend à Paris où il sera l'élève puis le rival de Guillaume de Champeaux. A vingt-deux ans, Abélard dirige les écoles de Corbeil et de Melun puis ouvre une école sur la montagne Sainte-Geneviève, à Paris. Il rencontre Héloïse lorsque l'oncle de celle-ci, le chanoine Fulbert, lui demande de venir lui enseigner les sciences. Héloïse ne tarde pas à tomber enceinte ; le couple fuit en Bretagne où ils se marient secrètement. Personne ne sait ce qu'il advint de l'enfant. Héloïse rentre à Paris où elle devient Prieure du couvent d'Argenteuil. Abélard la rejoint... Mais Fulbert le considère comme un violeur ayant trahi l'église et empêchant sa fille d'accéder à un plus noble statut. Il fait appel à deux écorcheurs qui vont agresser et châtrer Abélard. Cela n'empêchera pas le couple de rester uni jusqu'à leur mort, on retrouvera d'eux une émouvante correspondance en latin. En 1129, Héloïse devient Abbesse du monastère le Paraclet, en Champagne, près de l'ermitage fondé par Abélard, qui meurt à 63 ans au prieuré de Saint-Marcel près de Chalon sur Saône. Héloïse le suit dans le trépas douze ans plus tard. En 1817, la mairie de Paris fait transférer les ossements du couple au cimetière du Père Lachaise.

Valmont et Cécile : dans Les liaisons dangereuses, roman épistolaire comportant 175 lettres écrites par Pierre Choderlos de Laclos  en 1782, Cécile est une jeune femme fiancé au comte de Gercourt, ancien amant de la marquise de Merteuil. Cette dernière, fâchée de la situation, décide de corrompre Cécile avant son mariage. Dans la même période, le vicomte de Valmont tente de séduire madame de Tourvel, qui est fidèle, pieuse, et surtout avertie de la nature de Valmont par la mère de Cécile, madame de Volanges. La marquise de Merteuil parvient à convaincre Valmont de l'aider dans son plan ; il accepte, désireux de se venger de madame de Volanges et de plaire à madame de Merteuil, son ancienne maîtresse. Il séduit facilement Cécile, puis madame de Tourvel, dont il tombe amoureux. Mais Merteuil force Valmont à rompre, ce qui entraîne la mort de madame de Tourvel qui succombe au chagrin. Valmon, quant à lui, meurt lors d'un duel l'opposant au chevalier de Danceny, jeune amant de Cécile. Merteuil doit s'exiler, ayant perdu sa réputation ; Cécile, quant à elle, doit rentrer au couvent.

dimanche 8 mars 2015

Platon

Tout le monde connaît Platon, ne serait-ce que pour ses dialogues où il met en scène son professeur, Socrate. Même si en fait, il ne s'appelait pas ainsi à l'origine. Il naît aux alentours de -428, dans une des plus illustres familles d'Athènes. On dit de son père, Ariston, qu'il descendait de Codros, un roi légendaire d'Athènes; quant à sa mère, Périctionè, elle est la soeur de Charmide et la cousine germaine de Critias, deux des Trente Tyrans d'Athènes. Il a deux frères, Adimante et Glaucon, qui apparaissent dans La République et une soeur, Pôtône. Quant à lui, il se nomme Aristoclès ; Platon est un surnom, sans doute une référence à sa carrure (platus signifie "large" en grec - d'où le nom anglais de l'ornithorynque, platypus, "large pied"). Ariston, son père, meurt quand Platon n'est encore qu'un enfant. Sa mère se remarie, avec le politicien Pyrilampe ; de leur union naît Antiphon, qui est donc le demi-frère de Platon... qui le choisit comme narrateur du Parménide. Platon grandit lors de la guerre du Péloponnèse (-431 à -404) et atteignit l'âge adulte quand Athènes est défaite par Sparte, et connaît donc une période de chaos politique.

Il aura eu d'illustres professeurs athéniens, notamment le philosophe Cratyle (Platon donnera son nom à l'un de ses dialogues sur la logique), le lutteur argien Ariston d'Argos, ou encore Théodore de Cyrène, qui lui enseignèrent la philosophie, la poésie, les lettres, les mathématiques, la musique et la gymnastique.

En -408, Socrate rencontre Platon, dont il devient un dévoué élève - au point que, plus tard, il fera partie des jeunes gens que l'on accusera Socrate d'avoir corrompu. Il renonce aux arts et s'adonne à la philosophie. Toute l'oeuvre de Platon sera marquée par son premier professeur de philosophie, et c'est grâce à lui et à ses dialogues que la philosophie de Socrate nous est parvenue. Socrate lui-même n'a pas laissé d'écrits derrière lui. Lorsqu'Athènes accuse Socrate d'impiété et le force au suicide, la pratique philosophique de Platon en ressort changée.

Platon passe ensuite douze ans à voyager dans l'Italie du Sud, la Sicile et l'Égypte, où il étudie avec d'autres philosophes, parmi lesquels des disciples du mathématicien Pythagore. En Sicile, plus précisément à Syracus, il se rapproche de Denys l'Ancien et tente de le convaincre d'établir une forme de gouvernement régie par la philosophie. Le tyran se brouille avec lui et le livre à un capitaine qui le vend comme esclave; il est heureusement racheté par un ami, un certain Anniceris.

Vers -387, Platon approche de la quarantaine. Il retourne à Athènes et fonde l'Académie, une école de philosophie qui tire son nom de son emplacement : les jardins du héros grec Academus. Dans cette école à ciel ouvert, il enseigne la philosophie, les mathématiques et la gymnastiques à des élèves venus de toute la Grèce, les neuf dixièmes d'entre eux n'étant pas d'Athènes. L'enseignement se fait sous forme de discussions et de débats, ce qui explique la prédilection de Platon pour le dialogue. C'est probablement dans cette école que Platon écrit la majeure partie de ses oeuvres, dont la plupart ont pu être conservé. Parmi ses plus brillants élèves se trouve Aristote, qui rejoint l'Académie à 17 ans et y enseignera durant les vingt dernières années de la vie de Platon.

Platon retournera en Sicile pour tenter de mener Denys le Jeune, fils de Denys l'Ancien, vers la sagesse. Il entreprendra également un dernier voyage pour sauver un de ses amis, et cela manquera de lui coûter la vie. Il retourne à Athènes et ne quittera plus la ville, où il meurt à l'âge de quatre-vingts ans. On dit que, bien qu'il ait suggéré dans La République que l'interdiction de la flûte au profit de la lyre soit un critère de la société idéale, il appela au chevet de son lit de mort une jeune joueuse de flute et battit la mesure de ses doigts en rendant son dernier soupir. Il fut probablement enterré dans les jardins de l'Académie.

Pendant plus de trois siècles après la mort de Platon, l'Académie continua d'enseigner à de nombreux élèves, mais elle fut détruite dans le sac d'Athènes par le général romain Sulla en -86.

Les Dialogues

A l'exception de rares lettres, toutes les oeuvres de Platon sont des dialogues, au nombre de 36, faisant intervenir des personnages de sa vie, en particulier Socrate qui apparaît dans 35 de ces dialogues. Ses dialogues les plus anciens expose la philosophie de Socrate, sa façon d'analyser de manière dialectique les idées et présomptions. Ceux qu'il rédigea au milieu de sa vie se concentrent plus sur ses propres croyances et idées : Symposium, Meno... Et La République, peut-être son oeuvre la plus connue de nos jours, où il établit une hiérarchie entre leaders, auxiliaires et citoyens, et entre raison, émotion et désir. Pour lui, seuls ceux doués de sagesse (de façon idéale, un "philosophe-roi") peuvent discerner la vraie nature des choses. Les autres ne perçoivent cette vérité qu'à travers un voile, comme s'il s'agissait d'ombres sur les murs d'une grotte (c'est la fameuse Allégorie de la caverne), liées à l'objet qui leur donne naissance sans être vraiment cet objet.

Les dialogues les plus récents, ceux qui datent de la fin de la vie de Platon, ne sont pas vraiment des dialogues mais plutôt des explorations de sujets divers : le Timée évoque les liens entre cosmologie et géométrie ; dans les Lois, Platon a une approche plus directe que dans La République lorsqu'il évoque une société idéale.


CITATIONS

L'essence sans couleur, sans forme, impalpable, Dieu,
ne peut être contemplée que par le guide de l'âme, intelligence ;
autour de l'essence est le séjour de la science parfaite qui embrasse la vérité tout entière.
La connaissance des mots conduit à la connaissance des choses.