dimanche 8 mars 2015

Platon

Tout le monde connaît Platon, ne serait-ce que pour ses dialogues où il met en scène son professeur, Socrate. Même si en fait, il ne s'appelait pas ainsi à l'origine. Il naît aux alentours de -428, dans une des plus illustres familles d'Athènes. On dit de son père, Ariston, qu'il descendait de Codros, un roi légendaire d'Athènes; quant à sa mère, Périctionè, elle est la soeur de Charmide et la cousine germaine de Critias, deux des Trente Tyrans d'Athènes. Il a deux frères, Adimante et Glaucon, qui apparaissent dans La République et une soeur, Pôtône. Quant à lui, il se nomme Aristoclès ; Platon est un surnom, sans doute une référence à sa carrure (platus signifie "large" en grec - d'où le nom anglais de l'ornithorynque, platypus, "large pied"). Ariston, son père, meurt quand Platon n'est encore qu'un enfant. Sa mère se remarie, avec le politicien Pyrilampe ; de leur union naît Antiphon, qui est donc le demi-frère de Platon... qui le choisit comme narrateur du Parménide. Platon grandit lors de la guerre du Péloponnèse (-431 à -404) et atteignit l'âge adulte quand Athènes est défaite par Sparte, et connaît donc une période de chaos politique.

Il aura eu d'illustres professeurs athéniens, notamment le philosophe Cratyle (Platon donnera son nom à l'un de ses dialogues sur la logique), le lutteur argien Ariston d'Argos, ou encore Théodore de Cyrène, qui lui enseignèrent la philosophie, la poésie, les lettres, les mathématiques, la musique et la gymnastique.

En -408, Socrate rencontre Platon, dont il devient un dévoué élève - au point que, plus tard, il fera partie des jeunes gens que l'on accusera Socrate d'avoir corrompu. Il renonce aux arts et s'adonne à la philosophie. Toute l'oeuvre de Platon sera marquée par son premier professeur de philosophie, et c'est grâce à lui et à ses dialogues que la philosophie de Socrate nous est parvenue. Socrate lui-même n'a pas laissé d'écrits derrière lui. Lorsqu'Athènes accuse Socrate d'impiété et le force au suicide, la pratique philosophique de Platon en ressort changée.

Platon passe ensuite douze ans à voyager dans l'Italie du Sud, la Sicile et l'Égypte, où il étudie avec d'autres philosophes, parmi lesquels des disciples du mathématicien Pythagore. En Sicile, plus précisément à Syracus, il se rapproche de Denys l'Ancien et tente de le convaincre d'établir une forme de gouvernement régie par la philosophie. Le tyran se brouille avec lui et le livre à un capitaine qui le vend comme esclave; il est heureusement racheté par un ami, un certain Anniceris.

Vers -387, Platon approche de la quarantaine. Il retourne à Athènes et fonde l'Académie, une école de philosophie qui tire son nom de son emplacement : les jardins du héros grec Academus. Dans cette école à ciel ouvert, il enseigne la philosophie, les mathématiques et la gymnastiques à des élèves venus de toute la Grèce, les neuf dixièmes d'entre eux n'étant pas d'Athènes. L'enseignement se fait sous forme de discussions et de débats, ce qui explique la prédilection de Platon pour le dialogue. C'est probablement dans cette école que Platon écrit la majeure partie de ses oeuvres, dont la plupart ont pu être conservé. Parmi ses plus brillants élèves se trouve Aristote, qui rejoint l'Académie à 17 ans et y enseignera durant les vingt dernières années de la vie de Platon.

Platon retournera en Sicile pour tenter de mener Denys le Jeune, fils de Denys l'Ancien, vers la sagesse. Il entreprendra également un dernier voyage pour sauver un de ses amis, et cela manquera de lui coûter la vie. Il retourne à Athènes et ne quittera plus la ville, où il meurt à l'âge de quatre-vingts ans. On dit que, bien qu'il ait suggéré dans La République que l'interdiction de la flûte au profit de la lyre soit un critère de la société idéale, il appela au chevet de son lit de mort une jeune joueuse de flute et battit la mesure de ses doigts en rendant son dernier soupir. Il fut probablement enterré dans les jardins de l'Académie.

Pendant plus de trois siècles après la mort de Platon, l'Académie continua d'enseigner à de nombreux élèves, mais elle fut détruite dans le sac d'Athènes par le général romain Sulla en -86.

Les Dialogues

A l'exception de rares lettres, toutes les oeuvres de Platon sont des dialogues, au nombre de 36, faisant intervenir des personnages de sa vie, en particulier Socrate qui apparaît dans 35 de ces dialogues. Ses dialogues les plus anciens expose la philosophie de Socrate, sa façon d'analyser de manière dialectique les idées et présomptions. Ceux qu'il rédigea au milieu de sa vie se concentrent plus sur ses propres croyances et idées : Symposium, Meno... Et La République, peut-être son oeuvre la plus connue de nos jours, où il établit une hiérarchie entre leaders, auxiliaires et citoyens, et entre raison, émotion et désir. Pour lui, seuls ceux doués de sagesse (de façon idéale, un "philosophe-roi") peuvent discerner la vraie nature des choses. Les autres ne perçoivent cette vérité qu'à travers un voile, comme s'il s'agissait d'ombres sur les murs d'une grotte (c'est la fameuse Allégorie de la caverne), liées à l'objet qui leur donne naissance sans être vraiment cet objet.

Les dialogues les plus récents, ceux qui datent de la fin de la vie de Platon, ne sont pas vraiment des dialogues mais plutôt des explorations de sujets divers : le Timée évoque les liens entre cosmologie et géométrie ; dans les Lois, Platon a une approche plus directe que dans La République lorsqu'il évoque une société idéale.


CITATIONS

L'essence sans couleur, sans forme, impalpable, Dieu,
ne peut être contemplée que par le guide de l'âme, intelligence ;
autour de l'essence est le séjour de la science parfaite qui embrasse la vérité tout entière.
La connaissance des mots conduit à la connaissance des choses.


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